Les grandes étapes de fabrication d'une reliure

Envisager le temps de création d’une reliure classique et comprendre son processus d’assemblage
Temps de lecture : 10 min


L’exercice de la reliure demande au minimum 30 étapes. Plus on apporte de soin à la reliure, plus ce nombre augmente ! Il est donc facile de s’y perdre, en oubliant des étapes ou en les mélangeant. Une concentration constante est donc nécessaire à l’artisan.

Pour monter une reliure en cuir avec des gardes bords à bords et des tranchefiles brodées, il me faut aujourd’hui à peu près 10 jours entièrement consacrés à cette reliure. Je ne compte plus les étapes mais je parcours un trajet mental que j’ai appris par cœur.

Ce trajet se découpe en six grands axes, dont chacun amène un changement majeur au livre travaillé. Les voici :

  • la plaçure, au cours de laquelle le document est rendu conforme à l’exercice de la reliure

  • la couture, au cours de laquelle on prépare et réalise l’assemblage du document

  • le corps d’ouvrage, qui apporte une structure solide à l’objet

  • l’apprêture de couvrure, qui prépare l’objet à être recouvert d’un matériau extérieur

  • la couvrure, au cours de laquelle on appose un matériau de revêtement sur la structure travaillée

  • la finissure, au cours de laquelle on ajoute les pages de gardes et l’on peaufine son travail

Attention : Ces grandes étapes concernent la création d’une reliure classique. Des variantes existent.

Chacune de ces étapes est constituée de sous-étapes. Je vais tenter ici de détailler les sous-étapes qui m’apparaissent majeures pour créer une chronologie compréhensible. Je dois cependant avouer que j’atteins hélas les limites de la forme rédigée : malgré ma volonté, je n’arrive pas à détailler des opérations techniques de manière exhaustive tout en produisant un texte suffisamment léger.

Pardonnez donc le manque de stratagèmes narratifs pour vous captiver, c’est un malheureux texte à tiroirs. Vous pouvez piocher ce qui vous intéresse dans les grandes rubriques, ne lire que les présentations des chapitrages, survoler, revenir en arrière. Naviguez où vous le voulez !

 

La plaçure, de la division cellulaire à l’embryon

La plaçure désigne les opérations destinées à rendre le document compatible à la pratique de la reliure. C’est un ensemble de manipulations qui crée la jonction entre le format actuel du livre et les exigences de la reliure. Le livre sous sa forme précédente, qu’il soit livre broché, liasse de feuilles libres ou autre, devient un pavé net composé d’un ensemble de cahiers entourés de cahiers de gardes, prêt à être cousu.

  • Dans un premier temps on réalise un inventaire de l’état général de l’objet: le type de document, son format, la nature de son papier, ses éventuelles marques de dégradations, etc. Cet examen s’appelle le collationnage, au cours duquel on vérifie que le document est complet et conforme. Une fois cet examen réalisé, on peut procéder au démontage de la structure actuelle du livre, qui s’appelle le débrochage. Il s’agit de la première opération technique réalisée sur le livre. Dans le cas d’un livre broché il faudra détacher les couvertures puis séparer un à un les cahiers, les découdre, et retirer tous les résidus de colle.

  • Après débrochage, il faut procéder à la remise en forme du livre. Si nécessaire le papier est nettoyé, à la gomme ou en baignant le papier. Si le livre présente des déchirures, il faut procéder aux réparations à la colle neutre avec des papiers semblables.

  • En reliure, on conserve l’ensemble les documents imprimés comme partie intégrante du livre. Il faut donc monter les couvertures sur les cahiers extérieurs. Ce sont les fameuses 1ère et 4e de couvertures replacées autour du livre, ainsi que le dos de brochure. Les rabats peuvent faire l’objet d’un montage tout comme des documents annexes qu’on nomme des hors textes. Il peut s’agir d’estampes, de cartes, de notes manuscrites (nommés « envois »), de jaquette, ou d’éléments divers. Ceux-ci sont assemblés dans les cahiers ou assemblés à parts s’ils sont trop nombreux.

  • Ensuite on ajoute deux cahiers de gardes blanches, un à l’avant et un à l’arrière, choisies dans un papier similaire au papier du bloc livre. Elles servent de tampon entre la reliure et le document, absorbent les éventuels dégâts et facilitent le montage. En reliure d’art, on ajoute également un feuillet de fausses gardes qui seront démontées en fin de production.

  • Après toutes ces manipulations, l’allure du livre peut sembler un peu en crise, et deux grandes opérations visent à reformer un bloc cohérent de l’ensemble des cahiers: la mise en presse de plaçure, et le traitement des tranches. La mise en presse se fait livre équerré, entre deux ais propres, presse à percussion très serrée pour au moins une nuit et le plus longtemps possible.

    L’ébarbage consiste à couper au minimum le format des cahiers, en coupant cahier par cahier à la cisaille. Il permet notamment de conserver les témoins et d’éviter d’endommager les marges prévues par l’imprimeur. D’autres traitements des tranches existent: rognées ou massicotées, mais se réalisent plus tard au cours du montage.

    Le livre collationné, débroché, dont les couvertures et hors textes sont montés, avec ses cahiers de gardes, ébarbé et passé en presse est enfin prêt pour la prochaine étape : la couture.

vue en coupe sur deux livres identiques, dont l'un est laissé tel quel, et l'autre a été l'objet d'opérations de plaçure

Le même livre, dos contre dos. on voit à gauche le livre avant opérations de plaçure et à droite après certaines opérations : montage des couvertures, recompositions de cahiers et mise en presse.

Vue sur un cahier débroché ouvert, et sur le reste du livre débroché dans sa couverture de brochure à rabats

Débrochage et nettoyage des fonds de cahiers avant montage des couvertures

Vue sur les fonds de cahiers d'un livre débroché apposés contre une équerre à talon

Équerrage en cours avant presse de plaçure

Vue sur la tranche d'un livre dont l'ébarbage a été réalisé en gouttière et en queue

Livre ébarbé, pressé, avec ses fausses gardes blanches et ses fausses gardes, prêt pour la couture

Vue sur un ensemble de cahiers débrochés dans leur couverture de brochure, l'emplacement des fils est visible dans le fond des cahiers

Débrochage en cours laissant apparaître l’emplacement des fils de la couture de brochure

Vue sur un livre (Gus Bofa par Pierre Mac Orlan) débroché dont la couverture de brochure a été remontée sur le premier cahier

Première de couverture remontée sur le premier cahier avant introduction des gardes blanches

Vue sur la tranche d'un livre dont la plaçure a été réalisée entièrement.

Livre prêt à coudre après opérations de plaçure

 

La couture, colonne vertébrale

La couture est le premier de tous les assemblages et l’opération maitresse qui crée la structure. Elle mérite à elle seule un chapitre : s’il ne devait y avoir qu’une opération de reliure, ce serait celle-ci.

Elle est la garante de la bonne tenue d’un livre. Mal réalisée, elle générera des problèmes difficiles à camoufler, qui persisteront une fois la réalisation terminée. En reliure classique, on va la maintenir avec des ficelles ou des rubans, qui sont “pris” dans la couture.

  • Pour définir les points d’entrées et de sortie du fil le long du dos , on perce le fond des cahiers au cours d’une opération qu’on appelle le grecquage. Il consiste à scier les fonds de cahiers, parfaitement perpendiculairement au dos.

    Pour grecquer, il faut avoir stabilisé l’ensemble des cahiers (toujours détachés) en une forme d’impeccable pavé dans un étau de relieur. Le dos ressort d’à peu près 2cm et est entaillé jusqu’à percer le feuillet central - et pas plus !

    Une reliure sur ficelle est aujourd’hui intégrée dans le bloc livre. Il faudra donc créer, au cours du grecquage, une cuvette dans le dos pour l’accueillir, à la scie à grecquer ou à la lime.

  • Après le grecquage on procède au montage du cousoir et du choix du fil de manière à faire monter le dos comme le nécessite la structure employée. Le fil ajoutant de la matière dans chaque cahier, on examine avec attention les paramètres du livre et de la structure à réaliser afin de choisir son fil. Par exemple, pour une structure passée-carton, le dos doit monter d’un tiers de son épaisseur. Le nombre de cahiers, leur épaisseur, la qualité du papier sont pris en compte dans le choix du fil.

    Puis on coud, cahier par cahier le livre de manière à obtenir un dos droit, en régulant la tension du fil. Chaque cahier est assemblé au précédent à l’aide d’un nœud de chaînette.

  • Juste après la couture vient une petite opération qui prépare les opérations de corps d’ouvrage. Il faut effilocher les ficelles, c’est à dire séparer les brins tout en gardant le plus de matière possible.

    Cette opération permet de ne pas marquer le livre de l’épaisseur des ficelles lors des opérations suivantes, ainsi que d’affiner le montage de la reliure.

  • La couture s’assortit d’un encollage du dos qui vient achever l’assemblage propre du bloc livre. Cet encollage se réalise entre deux ais sous poids, dos dépassant légèrement, après avoir bien équerré les trois tranches du livre à l’équerre à talon. A partir de cet instant, l’ensemble de papiers n’est plus qu’un bloc de matière qui sera transformé au fil des opérations.

Vue depuis le dos, sur une couture sur ficelles en cours de réalisation dans le cousoir

Couture en cours à l’aide du cousoir sur lequel sont attachées les ficelles

Vue sur un livre prêt à être grecqué: sous forme de cahiers, serré et equerré entre deux cartons et maintenu dans un étau de reliure

Prêt au grecquage: sous forme de cahiers libres, serré et equerré entre deux cartons, maintenu dans un étau de reliure

Vue sur la tête d'un livre placé dans le cousoir et en cours de couture. Le livre présente la particularité d'être monté sur onglets piqués

Couture sur onglets “piqués” ou “cousus”

Vue sur le dos de 3 livres après opérations de grecquage

3 livres après grecquage : entailles réalisées perpendiculairement au dos à la scie

Vues sur 3 livres sortis du cousoir après couture sur ficelles ou rubans

Livres après couture sur rubans ou ficelles (pas encore effilochées) et avant passure en colle du dos

 

Le corps d’ouvrage, l’ossature se déploie

Les opérations de corps d’ouvrage sont celles qui apportent la structure protectrice au bloc livre. C’est au cours de ces opérations que le livre obtient ses cartons et le dos sa forme définitive. On arrondit le dos avant de l’endosser puis on le passe en carton. Cette séquence s’achève avec une mise en presse de corps d’ouvrage. Cette courte séquence, sportive, a une influence majeure : c’est elle qui définit l’apparence du livre.

  • L’arrondissure permet de créer en gouttière la forme en cuvette caractéristique des reliures à la française. Elle se réalise au marteau sur une surface lisse, dure et stable : un tas à battre ou la tablette de l’étau à endosser.

  • Endosser, ou battre les mors, est l’opération qui permet de créer l’emplacement ou viennent se loger les cartons. Elle donne au dos sa forme caractéristique, qui vue en coupe ressemble à une sorte de champignon. L’endossure se peaufine de plusieurs manières qui varient selon les relieurs mais se réalise toujours au marteau dans un étau à endosser. Il faut décaler les cahiers un à un, en partant des cahiers centraux, en les poussant contre les mâchoires de l’étau. C’est une opération qui demande beaucoup de justesse car il faut exercer exactement la bonne quantité de force sur le papier. Après chaque endossure il faut vérifier que les mors battus correspondent bien aux cartons, et retravailler si ce n’est pas le cas.

    Des mors trop grands sont irrattrapables, il faudra changer de cartons pour espérer camoufler l’erreur, alourdissant l’ensemble de la reliure.

  • Après la création du dos, il est temps d’attacher la structure. C’est là qu’interviennent les ficelles (ou les rubans), qui seront « passés en cartons ». Nous allons donc percer les cartons au poinçon en face des ficelles, appuyé sur un tas en plomb ou une planche “martyr” (c’est à dire destinée à cet usage). Puis il faudra passer les ficelles dans les fentes avant de les coller sur la face interne des cartons, les contreplats.

  • Pour terminer ce travail de mise en forme, on équerre à nouveau de livre à l’aide d’une équerre à talon, avant de le presser, entre deux ais propres, avec la presse à percussion, au moins une nuit et le plus longtemps possible. Cela force le livre à adopter sa nouvelle forme, les matériaux s’agglomèrent sous la contrainte physique.

Vue sur la tête et le dos d'un livre endossé encore placé dans l'étau de reliure

Opération de corps d’ouvrage majeure : l’endossure, ici terminée

Vue sur la tête d'un livre arrondi placé dans l'étau en vue d'être endossé

Après arrondissure, le livre est placé dans l’étau de reliure pour être endossé

Vue sur deux livres en cours de passure en carton placé sur le bord du bureau

Avant le perçage les cartons au poinçon permettant de d’attacher les ficelles aux plats

Vue sur le dos d'un livré endossé avec les cartons disposés à leurs emplacements

Vérification des mors en sortie d’étau : les cartons sont installés à leur emplacement

Vue de 3/4 sur un livre passé en carton.

Après la passure en carton, les plats sont attachés au dos à l’aide des ficelles collées sur les contreplats

 

Apprêture de couvrure, la chair autour du squelette

A présent que le livre possède sa structure principale, un temps est consacré à l’amélioration de celle-ci. Les opérations d’apprêture de couvrure apportent de la matière à la structure et affinent le travail réalisé en cours de corps d’ouvrage. Elles permettent aussi d’anticiper le travail de la couvrure afin de le faciliter. Plus les étapes de cette séquence sont réalisées avec soin, plus la couvrure sera facile à réaliser. C’est au cours de cette étape qu’on prépare l’effet « trempé dans le cuir » qui marque une reliure de belle facture.

  • Avant tout, il faut sécuriser le dos dans sa forme définitive avec de la toile mousseline collée sur toute la surface du dos. Cette toile à tissage très lache est collée en deux temps : la colle est appliquée sur le dos, puis la toile y est apposée avant de recevoir une seconde couche de colle.

  • Après séchage de la mousseline, on pourra procéder à la broderie de la tranchefile sur bâtonnet de soie, ou au collage de la tranchefile cuir ou papier. Après sa réalisation à même le livre, ou son collage, il faut la fixer et la mouler de manière à ce qu’elle adopte la courbe exacte du dos créé au cours de l’endossure.

  • Une fois la tranchefile en place et sèche, il faut procéder au garnissage du dos, qui peut se faire avec du papier, ou même de la toile mousseline. Le matériau de garnissage doit être choisi selon ces objectifs : participer à la conservation du livre (neutralité chimique), renforcer le dos (être solide), épouser facilement la forme du dos (pas de bulles), et se poncer facilement (pas d’arrachage).

    On appliquera suffisamment de couches pour combler les éventuels creux présent sur le dos (tranchefiles plus hautes que le milieu du dos, par exemple), afin de pouvoir obtenir au ponçage un dos absolument droit.

  • Après le ponçage du dos, chaque élément structurel est en place, on peut donc fixer définitivement les ficelles, jusqu’alors laissées libres coté extérieur pour permettre la broderie de la tranchefile.

    Cette opération de fixation de l’assemblage permet aussi de régulariser les chasses, et de revérifier l’équerrage du volume

  • Après avoir fixé définitivement les ficelles, on colle des cartes de blanchiment qui absorbent les différents volumes et vont permettre après ponçage d’obtenir un plat lisse. Certains relieurs élaguent les cartons avant la pose du blanchiment, pour galber à la reliure.

    Ce collage sec, c’est le moment de créer les encoches de coiffes, juste avant d’entamer le ponçage des plats. Le ponçage doit être réalisé avec beaucoup de soin et vérifié à la lumière rasante : tous les défauts de ponçage réapparaissent au travers du cuir !

    Attention à ce stade, le livre est très fragile, il faut le conserver entre deux ais lisses, avec un poids par dessus, et éviter au maximum les déplacement avant d’entamer les opérations de couvrure.

Vue sur un livre prêt à couvrir et sur sa peau de couvrure non parée

Après l’ensemble des opérations d’apprêture de couvrure, le livre est blanchi, poncé, et il porte sa carte à dos

Vue sur le dos d'un livre en cours de collage de la mousseline sur le dos

Après la presse de corps d’ouvrage, on colle la mousseline sur le dos

Vue zoomée sur le dos et le plat d'un livre vue de face après fixation des ficelles

Après fixation des tranchefiles, garnissage et ponçage du dos, fixations définitive des ficelles

Vue sur la tête d'un livre en cours de broderie de la tranchefile chapiteau unicolore

Tranchefile chapiteau brodée sur 2 bâtonnets au fil de soie

Vue sur une encoche de coiffe en cours de réalisation

Après la pose de la carte de blanchiment, création des encoches de coiffe avant ponçage des plats

 

Couvrure, la peau revêt la chair

La couvrure est l’opération de revêtement du livre.
Bien qu’aujourd’hui, on trouve des reliures couvertes de tous type de matériaux, on emploie majoritairement le cuir, la toile et/ou le papier. La couvrure doit épouser parfaitement la forme de la reliure : un livre bien couvert donne l’impression d’avoir été trempé dans le matériau. Elle peut se faire en différents morceaux, comme c’est le cas pour une demi-reliure à coins ou à encadrement, ou pour une reliure à plats rapportés.

  • La couvrure se prépare très tôt : chez certains relieurs, le matériau de reliure est choisi avant même la plaçure. A partir du format du livre, on coupe un morceau du matériau de couvrure adapté : Les deux plats + le dos + 1,5cm de remplis tout autour

  • Une couvrure en cuir demande une préparation de la peau qu’on appelle la parure. Il s’agit d’une opération d’amincissement réalisée en deux temps : une refente homogène souvent réalisée chez un pareur, puis des finissions au couteau à parer, permettant d’obtenir une finesse exécution dans les mors, les coiffes ou aux emplacements des coins.

  • La couvrure se fait dans un environnement clair et propre, dans un état reposé. Il s’agit de coller le matériau de couvrure sur le livre en respectant les contraintes imposées par le matériau choisi et par la structure du livre. On peut la faire en deux temps, c’est à dire encoller d’abord la partie extérieure et la laisser sécher avant de travailler le rempliage des bords à l’intérieur de la reliure. Au cours de la première séquence, le relieur va se concentrer sur l’adhésion parfaite du matériau sur la structure. Au cours la seconde séquence, il façonne tous les éléments extérieurs, qui sont aussi les points sensibles de la reliure : la coiffe, les encoches de coiffes, les coins et les chants du carton.

    Pendant et après la couvrure, les livres exigent un environnement de travail encore plus propre que précédemment. Il est d’usage d’utiliser un molleton avec lequel on enrobe les livres pour les travailler sans risquer de les détériorer.

  • Si de nombreux temps de séchages ponctuent le travail du relieur, celui-ci est particulièrement important. Il permet au matériau d’être figé à son emplacement définitif, sans créer de bulles ou de plis disgracieux.

    Le molleton accompagnera alors la reliure jusqu’à la livraison de l’ouvrage.

Vue sur une couvrure partielle réalisée sur un livre. Les coins et les emplacements de coiffes sonts non-couverts, on voit la structure

Couvrure partielle en cours de réalisation: les parties non-couvertes seront habillées plus tard d’un second cuir

Vue sur un livre couvert de cuir claire en cours de séchage entre plaque de plexiglas plaquées contre les coiffes

Remplis en cours de séchage entre plaques de plexiglas

Vue sur une coiffe en cours de séchage avec les outils utilisés pour la façonner : un plioir fin et un couteau à lame lisse

Dessin de la coiffe travaillé au travers des plaques de plexiglas

Parure en cours au couteau à parer sur les remplis

 

Finissure, naissance

La finissure rassemble toutes les opérations depuis la fin de la couvrure jusqu’à la remise au destinataire. Il s’agit ici autant de travailler l’espace dédié aux gardes couleurs que de vérifier la conformité du travail fourni. Ce sont ces opérations qui donnent au livre son apparence définitive. C’est le moment de redoubler d’attention : la lassitude et l’envie de terminer poussent souvent à la précipitation !

Je ne compte pas le titrage dans ces opérations car il est le plus souvent plutôt réalisé par un prestataire doreur sur cuir.. Le titrage fait pourtant partie de ces opérations de finissure.

  • Après séchage de la couvrure, on ouvre le plat sur un ais et on recoupe les remplis, coté contreplat. On pose ensuite dans l’espace restant une carte de comblage, ce qui permet de mettre au même niveau les remplis et le centre du contreplat qui lui n’est pas couvert.

  • Avant de pouvoir appliquer un matériau dans les charnières, il faut nettoyer les mors des résidus de colles, de papier à dos, de poussière de ponçage ou tout autre saleté qui aurait pu s’y glisser. Cette opération est capitale pour obtenir une bonne mobilité des plats. C’est également le moment de supprimer les fausses gardes qui accompagnent la reliure depuis la plaçure.

  • Parfois, les charnières du livre sont une pièce séparée des gardes couleurs, parfois le même matériau couvre à la fois le contreplat, le mors et le bloc livre. Si la charnière est séparée des deux gardes, elle est posée avant la garde de contreplat et la garde volante. La garde volante est toujours la dernière à être installée dans la reliure.

  • Les gardes volantes sont collées plus grandes que le bloc livre. La dernière intervention majeure consiste à les recouper, livre toujours fermé, avec une lame neuve, sur une plaque de zinc ou une carte de Lyon glissée entre la garde et le contreplat.

  • Les opérations suivantes sont des opérations de mise en forme et de retouches de la reliure ici terminée. Une mise en presse permet au matériaux de s’habituer à cette mise en forme. Une presse de plat par plat, pour les reliures de luxe, permet d’agglomérer les matériaux de couvrure et donner une apparence nette aux plats. Passer le fer à polir permet de souligner et renforcer la netteté du montage.

    C’est le moment d’examiner le travail avant livraison : on supprime touts les éléments de compensation installés en plaçure, on vérifie chaque détail, on peut éventuellement faire des retouches à froid au plioir ou des retouches couleurs avant d’emballer soigneusement son livre ou de confectionner la boite sur-mesure.

Vue sur une reliure posée sur un molleton avec un fer à polir posé sur une plaque de cuisson à coté

Travail de finissure de la reliure au fer à polir chauffé

Vue sur une reliure posée sur un bureau entourée d'un gros molleton de croute de cuir, avvec deux ais et un pavé posés par dessus

Repos et séchage du livre entouré d’un molleton (ici une doublure de cuir), sous ais et poids

 

Conclusion

Ce séquençage est un parcours mental que j’ai intégré au tout début de mon apprentissage. D’autres découpages existent, d’autres intitulés existent, tous valides. D’ailleurs, les chercheuses en reliure contemporaine utilisent parfois un processus de montage qui ne suit pas ces étapes. Il faut garder à l’esprit que le séquençage n’est qu’un système de rangement des données. Son unique but est de permettre de ne rien oublier !


 

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